Histoire de midelt
aL’Outat (l’actuelle Midelt) offrait au XIXe siècle une image différente de celle des autres agglomérations berbères du Haut et Moyen Atlas.
Ethniquement,
la population était composite :
· Les Aït Izdeg* étaient les
plus dominants ; ils formaient
un groupe tribal détaché de la
tribu-mère restée, elle, au sud
du Jbel El Ayachi
· Les Ait Ouafella* constituaient
le deuxième groupe important de
la vallée d’Outat
Ces deux grands groupes humains
comportaient, en plus, dans leur
sein, plusieurs catégories d’
éléments allogènes : Les Igrwanes*,
les Aït Hdidou, les Aït
Seghrouchens, les Chorfas
(descendants du prophète), le Filalas, les Haratines et les Juifs berbères*.
Les Ait Merghad* ne sont arrivés dans la région qu’au début de XXe siècle, avec l’entrée française.
Linguistiquement les habitants d’Outat sont berbérophones. Ils parlent le
« Tamazight »(une variante de la langue berbère au Maroc). L’arabophonie commence à une trentaine de kilomètres vers l’est, avec les Ouled Khaoua* ou Ouled El Haj.
L’Outat comportait une trentaine de Ksour disposés en chapelet le long de la petite rivière qui a donné son nom au village.
Le village se situe non loin de Tizi-N-Talghoumt (Col de la Chamelle,1900 m) passage obligé entre le Centre du Maroc et le Tafilalet, et dont, pour cette raison, les Aït Izdeg et les Aït Ouafella s’étaient assurés les ressources sous forme de péage.
Cette partie de la Haute Moulouya, en plus de sa position stratégique, possédait des parcours de pâturage intéressants ainsi que des sources d’eau intarissables (Moulouya, Ansgmir, Tatiouine).
Ces avantages divers expliquent que l’emplacement ait été convoité par les tribus venues du sud du Haut Atlas oriental. En dépit de la rudesse du climat et de l’exiguïté des terrains cultivables, certaines tribus avaient tenté de se fixer dans la région.
C’est le cas des Aït Idrassen (ancienne confédération berbère Sanhaja, qui comprenait les Aït Youssi, les Aït Sadden, les Aït Ouafella, les Imejates, les Aït Ayach, les Aït Ndhir et les Aït Ihand) qui commandaient avec l’appui du pouvoir central la Haute Moulouya orientale entre le XVIIe et le XVIIIe siècle (2)
Au XIXe siècle, le makhzen confie à la tribu Aït Izdeg, le commandement de la région. L’Outat est par nature très pauvre. Les témoignages oraux de la fin du XIXe siècle rapportent que les conditions de vie y étaient très difficiles. Les habitants qui étaient majoritairement sédentaires vivaient des produits de l’élevage et de la culture vivrière juste suffisante pour leurs besoins. Culturellement, les Outatiens constituent une société de transmission orale ; leur littérature se manifeste sous plusieurs formes : poésie, légendes, proverbes, contes. Leur architecture était celle du sud du Haut Atlas.
(Dr Mouhib. - Midelt, esquisses historiques… - 1999)